Hanoi était ravi de l'honneur qui lui était fait de pouvoir s'adresser directement aux guerriers d'Axotla. Enfin ! Les paroles qu'il allait devoir leur adresser n'étaient sans doute pas celles qu'il aurait aimé tenir à leur endroit. Il aurait préféré leur parler de conquête, de l'avènement prochain d'un Tlamaxtli et d'une grande célébration en l'honneur des guerriers de l'Orient. En lieu et place, il devrait se contenter de les inviter à mettre leur massue de côté pour un temps et de se joindre au mouvement de ceux et celles qui travaillaient au redressement financier de la province.
Frères et soeurs ! La plupart d'entre-vous êtes déjà au courant que les dieux exigent de nous, au lieu du précieux liquide, que nous redressions le plus rapidement possible les finances de la province ! Si nous ne répondons pas rapidement à cette exigence, la province que vous avez libérée et défendue tant de fois ne sera plus qu'une ruine dévastée par la colère des dieux.
Dans un contexte où toutes les provinces sont appelées au même effort, nous n'avons que bien peu à craindre en ce qui concerne notre sécurité. Cependant, il m'apparaît clairement que la première province qui sera à même de retrouver son équilibre budgétaire sera également à même de s'organiser plus rapidement et plus efficacement que les autres sur le plan militaire.
En tant que Tlatoani de la Province Orientale, il m'incombe donc de vous inviter à laisser de côté votre massue pour un temps, et de vous joindre à l'immense effort qui est actuellement le nôtre afin d'apaiser les dieux et de leur offrir ce qu'ils demandent.
Je sais que votre coeur et que votre âme réclament des victoires, des hauts faits d'armes, le sang de nos ennemis sur votre massue. Le jour viendra, bientôt, où nous pourrons à nouveau répondre à cet appel qui est celui de votre sang lui-même ! Car les dieux ne sauraient se contenter bien longtemps de trésories saines et de redressements économiques. À nouveau, ils réclameront le précieux liquide et nous serons tous unis pour leur donner, deux fois et trois fois, ce qu'ils nous auront réclamés.
Mais en attendant ce jour béni entre tous, le devoir du guerrier oriental, le devoir des Obsidiens, est de veiller à ce que l'exigence des dieux soit honorée le plus rapidement possible.
Certains d'entre-vous, déjà, ont promis une aide financière pour la province. Et je sais que plusieurs ne se sont pas encore publiquement manifestés en ce sens. Mais par-delà les dons et les prêts, j'ai actuellement besoin que les Obsidiens, et que tous les guerriers d'Orient, m'offrent leur aide afin de remplir des tâches urgentes qui, si elles ne sont pas menées rapidement, nous empêcherons d'atteindre notre objectif.
J'en appelle donc à votre fidélité de guerrier, à la force de caractère qui est la vôtre, afin de protéger encore une fois votre province contre une menace mille fois plus dangereuse que celle que nos ennemis d'hier, d'aujourd'hui, et de demain, peuvent faire planer sur nous.
Pour ceux et celles qui disposent de liquidités, nous avons actuellement besoin de M.A. capables de discipline et de rapidité, afin de mener à bien des missions urgentes un peu partout dans les provinces voisines. Pour ceux et celles que des semaines et des mois sans salaire ont laissés presque sans le sous, il est souhaitable qu'ils travaillent à la mine le plus souvent possible, principalement les mines d'argent.
Je sais l'immense sacrifice que je vous demande en ce moment. Il ne me plait pas plus qu'à vous. Mais sans ce passage obligé, il ne me sera jamais possible d'entreprendre ce que je souhaite pour l'organisation et le ravitaillement des armées, afin d'offrir aux guerriers et aux chefs d'armées de meilleures conditions pour remplir leurs missions.
Depuis mon arrivée au Tlatocan, je n'ai toujours eu qu'un seul discours au sujet des guerriers de l'Orient : il est fini le temps où la Province Orientale n'était pas en mesure de soutenir adéquatement ses guerriers et ses guerrières. La solution est avant tout économique, ensuite logistique. J'ai besoin de vous pour l'aspect économique. Le dernier tlatocan, en raison du manque de coopération de certains éléments, n'a jamais pu travailler à l'aspect logistique. Mais la prochaine équipe, enfin débarrassée de ses boulets, pourra vraiment s'y attaquer.
Ainsi, le sacrifice que je vous demande n'est pas seulement dirigé vers les besoins économiques de la province, mais il va également servir aux guerriers et aux guerrières. Tout est lié : prospérité des clans, prospérité de la province, meilleur soutien logistique et financier pour les armées et les guerriers, commerce et structure commerciale qui permettent de consolider le tout.
Voilà. La balle est dans votre camp. Vous tenez, encore une fois, le sort de la province entre vos mains. Mais cela va encore plus loin. Pour la première fois peut-être depuis des lunes, c'est votre propre sort, en tant que guerriers et que guerrières, que vous détenez aussi par le fait même.
Joindre vos efforts aux miens. Consentir au même sacrifice que moi-même, qui voit son propre Tlamaxtli, et nombre de ses projets, retardés sans cesse pour des raisons économiques et pour le bien de la province. Voilà ce qui nous permettra, très bientôt, de tourner la page sur cet épisode de crise, pour ensuite nous consacrer à ce qui fait la grandeur d'un guerrier et à ce qui fera la Grandeur de l'Orient.
J'attends de chacun d'entre-vous une réponse. Qu'elle soit comme la parole du vrai guerrier : claire, forte, et sans ambiguité. Dites-moi que vous en êtes, et je vous promets que demain nous apportera sa part de gloire et de conquêtes.
Moi, Hanoi Calpan Tlaxcallàn, Tlatoani de la province Orientale, j'ai parlé !
Hanoi céda ensuite sa place d'orateur aux guerriers et guerrières des Obsidiens.
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